Si vous avez déjà eu la chance de dormir sous tente, vous avez très certainement fait l’expérience d’une nuit de bivouac quelque peu gâchée par l’humidité. Je me trompe ? Soyons honnêtes : la sensation de la paroi mouillée qui se colle à votre sac de couchage n’est pas des plus agréable. S’il est malheureusement impossible d’éviter entièrement la condensation dans une tente, on peut toutefois limiter le phénomène pour mieux dormir après une bonne journée de randonnée. Du choix de l’emplacement à l’optimisation de la ventilation, il y a quelques astuces à connaître pour rester autant au sec que possible… Et je vous dévoile tout ça dans cet article.
Comme je vous le disais en introduction : il est impossible de ne pas avoir de condensation du tout dans sa tente. Bien sûr, il y a des méthodes pour limiter le phénomène autant que faire se peut, et ainsi passer des nuits relativement confortables en bivouac.
Mais pourquoi ne peut-on pas l’éviter totalement ?
Tout simplement, parce que c’est la dure loi de la physique.
En effet, lorsque de l’air (celui sous votre abri) entre en contact avec une surface plus froide (la toile, refroidie par les températures nocturnes), la vapeur d’eau contenue dans cet air va se liquéfier et se transformer en gouttelettes.
Pour empêcher cela, il faudrait donc :
Dans un cas comme dans l’autre, avouez que c’est compliqué 😅 Vous comprendrez également que le phénomène de condensation dépend grandement des conditions que l’on rencontre sur le terrain (notamment le taux d’humidité dans l’air et la température extérieure).
Mais voyons tout de même comment faire pour rendre cette condensation aussi imperceptible que possible.
En matière de tentes, vous avez deux principaux choix qui s’offrent à vous : les modèles mono ou double paroi.
Bien que leurs appellations respectives soient assez parlantes, voici une brève définition de ces deux typologies.
Si la version mono-paroi est appréciée pour sa plus grande légèreté, elle a un inconvénient de taille : la toile est directement exposée à l’humidité de l’air intérieur et au froid ambiant, ce qui génère davantage de condensation. De plus, à l’intérieur de la tente, on est directement en contact avec celle-ci, et on a donc vite fait de mouiller son sac de couchage en bougeant dans la nuit. A noter que certains modèles de tentes mono-paroi sont constitués d’un tissu avec membrane imper-respirante (comme les vestes de pluie de type Gore-Tex ou équivalents) qui permet de limiter la condensation.
Avec la tente double paroi, il n’y a pas de contact entre la chambre et le double-toit et ce dernier n’est pas au contact du sol, laissant l’air circuler. Ainsi, la paroi intérieure est isolée du froid, tandis que la paroi extérieure est un peu moins en contact avec l’air chaud sous votre abri (il y a un gradient de température). Les petites gouttes d’eau s’accumulent donc moins. De plus, la condensation coule le long de la paroi extérieure et mouille moins facilement ce qui est dans la tente.
Notez aussi que la double paroi n’est pas un remède miracle contre la condensation. En cas de forte humidité et/ou d’écarts importants de température entre l’intérieur et l’extérieur, vous verrez tout de même apparaître des gouttelettes.
Les aérations jouent aussi un rôle, mais il est difficile de se faire une idée de leur efficacité en étudiant leur conception et les retours d’utilisateurs sont vraiment à prendre avec des pincettes, car la condensation dépend grandement des conditions sur le terrain.
Les tarps, qui sont des alternatives légères aux tentes, sont aussi concernés par ce souci de condensation. Le montage utilisé joue grandement sur cette dernière : plus le tarp est fermé, plus le risque de condensation est grand.
💡 Conseil : le choix de la tente n’est pas quelque chose d’anodin. C’est un investissement qui doit répondre à vos contraintes et à votre pratique de la randonnée. Aussi, vous trouverez dans mes guides une méthode pas à pas pour trouver le modèle qui vous convient.
Un sol trop caillouteux ou trop pentu par là. Une exposition trop forte aux rafales de vent par ici. Il n’est jamais évident de trouver LE spot idéal pour son bivouac. Mais pour limiter au maximum la condensation dans votre tente, mieux vaut faire l’effort d’éviter certains endroits : les zones froides et/ou humides.
Je vous recommande donc de passer la nuit à distance des rivières, lacs ou marécages. Au passage, cela vous épargnera aussi de vous faire dévorer par les moustiques ou de déranger les animaux qui voudraient s’y abreuver.
Si vous êtes dans une zone avec du relief, il en va de même pour les fonds de vallon et cuvettes. L’air froid, qui est plus dense que l’air chaud, coule vers les points bas et s’accumulent dans ceux-ci.
À l’inverse, planter sa tente en forêt ou même sous quelques arbres est plutôt une bonne idée. En effet, sous un couvert végétal le rayonnement est moins important et la chaleur de la journée sera un peu mieux conservée. Or, souvenez-vous : en réduisant les écarts de température entre l’intérieur et l’extérieur de votre abri, vous limitez l’apparition de condensation. De plus, la rosée sera également moins présente, c’est donc double bénéfice.
➡️ À lire aussi : vous avez trouvé l’emplacement idéal pour bivouaquer ? Dans un souci de préservation de la nature, gardez ce petit secret pour vous 🤫 Découvrez pourquoi je ne recommande pas le partage de zones de bivouac sur le Net.
Quelle que soit la marque (ou le modèle) de votre tente, si les ingénieurs ont bien fait leur travail, celle-ci doit être équipée d’ouvertures destinées à son aération. Pour profiter au maximum des bienfaits « déshumidificateurs » de la circulation de l’air, essayez de monter votre toile de manière à ne pas obstruer ces ouvertures et veillez à les ouvrir au maximum – même s’il pleut.
Si possible (pas de pluie, pas de vent, pas de moustique et pas trop froid), vous pouvez même ouvrir un ou plusieurs zips de la tente pour améliorer la circulation de l’air et minimiser l’apparition de condensation.
Enfin, assurez-vous que votre toile est bien tendue. Elle ne doit pas faire de plis et la chambre et le double-toit ne doivent pas se toucher. En effet, le moindre point de contact peut faciliter la génération de gouttelettes à l’intérieur. De même, je vous conseille de ne pas toucher une paroi mouillée de condensation, car celle-ci se met généralement à goutter à l’endroit touché.
Gardez toujours à l’esprit que votre meilleure défense contre la condensation, c’est de limiter au maximum l’humidité sous votre toile de tente. Donc, tout ce qui est mouillé doit rester dehors.
Bien entendu, s’il pleut des cordes vous allez tout de même sûrement rentrer votre sac et vos chaussures pour les protéger. Mais, si possible, laissez-les sous l’abside et ne rentrez que vos affaires sèches dans la chambre.
Idéalement, profitez des pauses que vous avez en journée pour faire sécher ce que vous pouvez au soleil (t-shirt mouillé de transpiration, chaussettes…). Anticipez au maximum pour passer une nuit aussi confortable que possible.
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Envie de préparer votre purée instantanée sous l’abside pour réchauffer l’atmosphère ? Si la météo vous le permet, utilisez plutôt votre réchaud à l’extérieur. Cela évitera :
Si les conditions vous empêchent de cuisiner dehors, ouvrez en grand l’entrée de votre abri et préparez votre repas le plus proche possible de l’extérieur, trouvez un abri naturel ou optez pour un repas froid.
Une bonne partie de la condensation qui se collera aux parois de votre tente proviendra… de vous ! Plus précisément, sa formation sera favorisée par la chaleur produite par votre corps et la vapeur d’eau contenue dans votre expiration et votre transpiration.
Il faudra donc vous équiper suffisamment pour passer la nuit au chaud, mais pas trop non plus pour ne pas générer trop de chaleur et d’humidité.
Malgré la mise en place de toutes les astuces anti-condensation, vous pouvez vous retrouver avec une tente mouillée à l’intérieur. Aïe. Dans ce cas, il ne reste plus qu’à faire au mieux pour limiter les dégâts. Il faudra faire en sorte de sécher au maximum la toile pour éviter que l’humidité ne soit gênante pour les nuits suivantes.
Dans la nuit, si vous êtes réveillé(e) et que vous voyez des gouttelettes se former (et que vous n’avez pas trop la flemme), vous pouvez les essuyer. Vous pouvez utiliser :
A noter que si les gouttelettes sont trop grosses, elles risquent de tomber quand vous essuyez la paroi. Il sera dans ce cas peut-être préférable de le faire le matin une fois vos affaires sortis de la tente.
✏️ Note : parfois, l’infiltration d’eau dans votre tente peut aussi être due à un trou dans la toile, un défaut d’étanchéité ou une couture distendue/déchirée. Avoir un petit kit de réparation dans le fond de votre sac pourra vous éviter quelques déconvenues.
Le matin, pensez à bien secouer et aérer votre abri avant de démonter votre campement, même s’il fait froid ! Vous pouvez également finir en essuyant les parois (surtout intérieures).
Évitez autant que possible de ranger une toile humide dans sa housse, car vous retrouverez cette humidité en la dépliant. Bien sûr, cela n’est pas toujours possible. Quand la météo est capricieuse, on ne peut pas faire grand-chose. Dans ces cas-là, tâchez de faire sécher votre tente à la première occasion, comme lors d’une pause casse-croûte.
Le dernier matin avant de rentrer chez soi, on peut se permettre de plier sa tente humide, mais il faudra bien penser à faire sécher la ou les toile(s) une fois chez soi au risque de se retrouver avec de la moisissure. Pour garder votre matériel en condition et pour limiter l’usure prématurée, vous pouvez également nettoyer l’intérieur en enlevant la terre, le sable ou les végétaux qui s’y trouveraient (en la secouant ou avec une petite balayette) et en profiter pour vérifier son état et éventuellement effectuer de petites réparations si besoin.
Passer une nuit pas trop humide en extérieur, même par beau temps, c’est tout un art ! Si cela vous intéresse, vous trouverez aussi des conseils complémentaires pour ne pas avoir froid dans votre sac de couchage ici. Et vous, que faites-vous pour lutter contre la condensation dans votre tente ? Si vous avez d’autres astuces à partager avec les lecteurs de Randonner Malin, vous pouvez le faire ci-dessous 👇😊
Bonsoir très bon article moi ma tente est le modèle utilisé dans les années 80 pour les expédition polaire acheter dans une boutique de la rue de Rome à Paris boutique qui n’existe plus maintenant Comme pour les jumelles toujours rue de Rome OPTAC qui aussi n’existe plus boutique des surplus de l’armée depuis 1930 et qui a fermé au environ des années 1990
la boutique en question pour les tentes, ce ne serait pas ‘La Cordée’ ?
J’ai toujours une ‘monomat’ coton qui a fait quelques km… J’avais aussi une 3 places avec avancée pour la moto, mais c’est une autre histoire…
(François, veuillez excuser cette intervention qui n’a pas grand chose à voir avec le sujet…)
J’ai toujours comme unique sac de couchage, un duvet mi-canard, mi-oie, fait sur mesure à la Cordée en 1980! Il n’a pas bougé! Bon, il a vécu, passant de l’Himalaya à la Cordillière des Andes, mais toujours aussi confortable. Il ne sort plus trop des Pyrénées maintenant.
J’adorai ce magasin.
Tres clair, et utile. Sujet sérieux.
Nanou
Merci pour les bons conseils
Perso, j’essaie d’éviter les zones herbeuses peut-être plus attirantes mais toujours humides la nuit et pièges à rosée le matin. Dans la mesure du possible choisir la zone la plus « sèche » possible. Merci pour vos conseils toujours très « vécus ».
Très bien expliqué
Tout est dit
C’est curieux vu mon âge (78) j’ai fait du camping très tôt : j’avais un an…..
Je constate que les problèmes étaient les mêmes et mes parents employaient les mêmes consignes ….. rien de plus
Éviter les coins humides et surtout près des cours d’eau je me souviens une nuit de camping à Espalion près de la rivière et sous les peupliers , avoir pleuré de froid. Ma mère avait allumé le petit réchaud pour assécher mais à ne pas faire car trop dangereux (feu)
Profitez du Camping c’est vraiment formidable
Bravo !!
Oui, les zones boisées à mi-pente sont préférables. Choisir si possible un emplacement qui recevra le soleil tôt le matin, pour un réveil plus agréable, mais aussi pour la possibilité de commencer à faire sécher la tente pendant le petit-déjeuner.
Article très pertinent, fait un bon tour d’horizon sur les différentes causes de la condensation et comment la diminuer
Bravo et merci pour ces détails essentiels
Est-ce que les tentes avec la technologie chambre sombre et qui réduit la chaleur à l’intérieur de la tente (technologie appelée Fresh and Black chez décathlon) sont mieux que les tentes classique ?
Et pourquoi?
Pour la condensation, je ne suis pas sûr que ça joue tellement, car ça a l’air d’avoir surtout un intérêt quand il y a du soleil.
Comment peut on obscurcir l’intérieure de la chambre de la tente pour éviter d’avoir un halo de lumière du aux lampadaires ?
Aucune idée. Par contre, un masque de nuit est peut-être la solution.
« Planter sa tente en forêt ou même sous quelques arbres est plutôt une bonne idée. »
Je pense, au contraire, que c’est une très mauvaise idée.
La forêt est un habitat écologiquement très sensible par la présence , la nuit, de nombreux animaux qui viennent s’y réfugier, se reposer, se nourrir ou chasser.
La présence humaine, avec tous les désagréments qu’elle engendre, est une contrainte supplémentaire pour la tranquillité de la faune.
Choisissez des lieux plus propices : au-dessus de la limite supérieure de la forêt ou les prairies alpines.
C’est un sujet auquel je suis sensible et plutôt bien renseigné. Il est très impossible de généraliser et de statuer sur le fait que la forêt est plus ou moins sensible qu’un autre milieu. Cela dépend de tellement de facteurs différents : le type de forêt, la période (saison, températures, présence de neige, reproduction, mise bas…), les espèces présentes, les habitudes humaines dans le secteur…
Je pense qu’installer sa tente en forêt n’est pas une solution satisfaisante, mais pas pour les mêmes raisons : en cas de pluie, les arbres peuvent donner l’illusion de protection. Quand la pluie va s’arrêter, les arbres vont goutter et c’est l’assurance d’une tente trempée. Plus grave, les grands arbres sont des vecteurs de foudre….moralité : il faut vraiment être sûr de ses prévisions météo pour la nuit du bivouac…en forêt.
PS : en cas de vent, ne pas sous-estimer le risque de chutes de branches…quiconque a randonné en forêt a constaté l’enchevêtrement de branches, parfois des branches qui barrent le sentier, etc…la tente ne protège pas des branches !
La photo qui illustre votre article (forêt vue depuis l’intérieur d’une tente, de Tim Foster) illustre bien ce danger : on peut y voir des troncs mais aussi des branches au sol (tombés naturellement ? On peut se poser la question) et un tronc incliné qui ne demande qu’à tomber !
Oui, bien sûr ! Les arbres peuvent protéger la tente du vent, mais la tente ne protège pas des arbres.
Ce n’est effectivement pas toujours la meilleure solution, mais il y a rarement un emplacement idéal, et c’est ça qui fait aussi le charme du bivouac.
Pour la foudre (sans parler des risques liés au vent), ça dépend vraiment des autres possibilités sur le moment. Dans une forêt homogène, si on n’est pas sur un point haut (ou qu’il n’y en a pas), on n’est pas trop mal loti.
La rosée du matin est un contributeur essentiel à toute cette humidité du matin froid et humide. Alors, comme les branches d’arbre arrêtent la descente des gouttes de condensation de l’air ambiant et comme le rayonnement du soleil re-vaporise cette humidité du matin, je prends garde, les nuits à condensation (appli météo), à monter ma tente sous des branches d’arbre feuillues et à conserver une vue dégagée vers l’est pour que la tente soit ensoleillée dès le lever du soleil. Le double-toit, trempé, sera stocké à l’extérieur de la sacoche (cyclo-camping) pour ne pas mouiller le reste, et sera séché au soleil aux heures chaudes à l’occasion d’une pause.
La rosée se forme de la même manière que la condensation dans une tente : un air humide qui condense sur une surface froide (généralement refroidie par un refroidissement nocturne). L’humidité est déjà dans l’air, ce n’est pas vraiment la rosée qui « contribue » à l’humidité.
Mais là où je vous rejoins, c’est quand la température va se réchauffer : une zone remplie de rosée va rester humide plus longtemps qu’une zone moins impactée.
Bonsoir
Aaah le doux contact du double toit sur le dos si tu dois sortir la nuit, vu le format des tentes qu’on utilise c’est pas facile d’y échapper.
En fait la condensation, on fait avec. J’ouvre toujours les aérations et je tends la tente le mieux possible. C’est le jeu. Par contre, je me demande s’il est possible de réimperméabiliser efficacement. Pour l’instant RAS mais elle commence à avoir des bornes
Bonjour François, merci pour tout ces précieux conseils. J’ai une tente double toit pour le camping et effectivement la condensation coule par terre et on est à l’abris de la pluie, sauf en cas de grosse averse car la pluie vous projette des gouttes dessus 😁😭.
J’ai testé une tente sarcophage pour la rando avec ma compagne en été. J’ai le sang chaud donc beaucoup d’évaporation 😅. On a dormi sur un petit plateau dans les Pyrénées vers 1300m et la nuit il pleuvait dans la tente… 🫣😢.