Cette critique a été rédigée par Irene Villa, qui m’assiste pour différentes tâches sur le blog et avec qui vous avez peut-être déjà eu la chance d’échanger par email. Elle nous livre dans cet article un aperçu et une critique de “Vouloir toucher les étoiles” de Mike Horn. Place à Irene…
Dans ce livre, Mike Horn, le célèbre explorateur qui a réussi certains exploits parmi les plus fous des dernières décennies, tel que le ralliement du Pôle Nord en hiver sans aucune assistance ni ravitaillement, ainsi que le premier tour du monde en solitaire autour de l’équateur, sans moyen de transport motorisé, relate d’un côté son expérience avec la haute montagne et de l’autre retrace les étapes les plus importantes de sa vie, de son enfance dans l’Afrique du Sud marquée par l’apartheid jusqu’à ses projets les plus récents.
Le personnage public est très populaire, mais en lisant le récit de sa vie j’ai découvert quelques anecdotes peu connues. Né en 1966 à Johannesburg, Mike passe son enfance avec ses deux sœurs et son frère cadet en Afrique du Sud, où ses parents le laissent profiter d’une grande liberté à condition qu’il rentre à la maison tous les soirs à 18h. Son père lui apprend à « voir au-delà du mur », c’est-à-dire à ne pas se contenter des évidences, mais à chercher par soi même des réponses qui soient le fruit de ses réflexions et expériences. Déjà tout petit il essaie de repousser les limites de son monde connu en chevauchant son vélo, et puis, plus tard, en pratiquant beaucoup de sports, tels que le cricket, le rugby et la course à pieds.
Lorsque Mike a 18 ans, il décide de partir en Namibie avec les Forces Spéciales qui se battent contre la SWAPO, une organisation marxiste et indépendantiste. En guerre, à la tête d’un peloton d’une trentaine d’hommes, il affronte les obstacles avec discipline et détermination, tout en différenciant les risques de ce qui est infaisable. L’enseignement de son père, celui de dépasser les apparences, l’aide à s’en sortir sain en sauf.
Une fois conclue cette expérience militaire, avec un diplôme de psychologie du sport dans sa poche, en 1989 il rentre dans son pays natal et commence à travailler, mais il n’est pas satisfait de sa vie et décide de partir à l’aventure, avec 50 dollars dans sa poche et un sac à dos, en Suisse, un des rares pays qui soient ouverts aux citoyens sud-africains à l’époque. Les premiers temps sont très durs, car personne ne veut embaucher un sud-africain sans papiers, mais la chance tourne du côté de Mike quand José, gérant d’une auberge de jeunesse non loin de la station de ski de Château-d’Oex, lui propose de l’aider dans son travail. S’enchainent très vite les petits boulots saisonniers, les vendanges, la traite des vaches, la plonge dans les restaurants touristiques, et les premiers jobs comme moniteur de ski pour enfants et guide de rafting. C’est à cette époque que Mike rencontre la femme qui partagera sa vie, Cathy, avec qui il s’installe très vite.
Sa vie prend un tournant décisif en 1992, quand la société italienne Sector lui fait signer un contrat en tant qu’aventurier. Mike réalise ses premiers exploits en hydrospeed, organise la traversée de l’Amérique du Sud en solo, peaufine les détails de son expédition Latitude Zéro, qui lui permettra de faire le tour de la terre le long de la ligne de l’équateur. En 10 ans de collaboration, il s’approche de ses rêves et garde l’esprit léger et heureux d’un gamin qui découvre le monde. D’autres collaborations se déferont ou suivront, d’autres paris encore plus fous verront le jour, mais ce qui ne perdra jamais d’importance aux yeux de Mike c’est l’humilité face à la nature, une sorte de « légèreté » du corps et d’esprit qui lui permet d’avancer dans n’importe quelles conditions.
Réduire la complexité est la condition de survie : plus on s’encombre, plus on se leste, plus on a du mal à avancer. Je n’ai pas besoin de cette boussole ultra-précise avec visée laser. Je dois laisser ce réchaud à gaz équipé pour les cyclones. Je n’ai que faire de ce GPS dont les batteries vont me lâcher au premier grand froid.
L’autre partie du livre se concentre sur un projet bien précis. En effet, en juin 2007, avec 3 himalayistes réputés, Mike décide d’enchaîner sans aucune assistance, ni oxygène, 4 des plus hauts sommets au monde : le Gasherbrum 1 et 2, ainsi que le Broad Peak et le K2.
L’ambiance décrite par Mike est très différente de celle des expéditions en solo auxquelles il a l’habitude de se confronter. En effet, une certaine fébrilité combinée au plaisir de retrouver d’autres amis alpinistes se mélange à la fatigue extrême qui obnubile la pensée au-delà des 7000 mètres, dans la « zone de mort », où l’organisme puise dans sa réserve d’oxygène plus vite qu’il peut en reconstituer par la respiration ; l’attente épuisante d’une fenêtre météo pour attaquer le sommet cède la place au sombre constat que ces montagnes sont devenues la plus haute décharge du monde ; les motivations commerciales de certaines cordées qui ont besoin d’un coup de pub semblent s’envoler suite à la découverte des cadavres très bien conservés et abandonnés dans la neige…
Malgré tout cela, Mike reste fidèle à ses valeurs et ses principes :
… Je capte l’énergie de la montagne, comme si les choses se simplifiaient au fur et à mesure. Dans cette immensité balayée par les vents, tout se réduit à l’essentiel. La pensée se concentre sur l’effort, le futur se limite au bivouac du soir.
Cela lui permet de gravir le Gasherbrum 1 et 2 sans problèmes. Par contre, le Broad Peak se révèle plus difficile à conquérir. En effet, lorsque Mike tente son ascension la première fois, en août 2007, la saison est déjà trop avancée et la météo trop instable pour lui permettre de gravir ce sommet. Notre aventurier tente alors une nouvelle fois sa chance en 2010, et il s’en sort victorieux.
L’ascension du K2 présente également des facteurs hostiles : d’un côté, au moment de prendre la route pour ce sommet, Mike est frappé par une nouvelle alarmante concernant sa famille, ce qui le pousse à rebrousser son chemin et à renoncer à gravir le sommet. Cet événement tragique permet à Mike de ne pas faire partie des alpinistes victimes d’une attaque des talibans au Nanga Parbat. Après un aller-retour à Singapour, Mike décide de rejoindre ses compagnons d’aventure et passe donc de 0 à 6600 mètres en seulement quelques jours. En attendant une fenêtre météo pour gravir le K2, il décide de passer quelques jours au camp de base du Broad Peak, à 4570 m, lorsqu’il est sollicité pour aller sauver trois jeunes iraniens qui ont fait fausse route sur ce sommet… Les secours s’organisent, d’autres alpinistes renoncent à leur propre ascension pour prêter de l’oxygène aux jeunes, les échanges radio avec les familles des jeunes s’intensifient, mais il y a trop de contradictions entre les informations par radio et les constatations des sherpas qui n’ont pas pu les localiser. Le cœur serré, 48 heures après la disparition des jeunes à plus de 7000 m, dans la « zone de mort », Mike sait qu’il ne pourra pas les sauver. Par ailleurs, les conditions météo s’aggravent et les fortes chutes de neige empêchent les alpinistes de continuer leurs programmes d’ascension.
L’homme ne peut pas vaincre la montagne. La montagne se contente d’offrir un passage. Et c’est à nous de savoir si les conditions sont suffisantes. Ce n’est pas la montagne qui est sauvage, mais c’est l’homme, bien souvent, qui projette sa face sombre sur les sommets…
Bien que le récit de Mike soit porté par une écriture très sobre, la lecture de cet opus m’a fait prendre conscience de l’immensité de ce personnage, humble et sincère, face aux réussites et aux échecs de la vie et des expéditions. Sa philosophie de vie est à la portée de tout le monde : il s’agit en effet de persévérer dans ses rêves et de se relever après les chutes, de construire d’instant en instant une vie où l’on est acteur de ce qui nous arrive, de croire en nos possibilités mais d’accepter également les limites qui nous sont imposées – lui-même n’a pas réussi tous ses paris, mais grâce à son humilité, il a appris à renoncer quand tout lui indiquait que les issues seraient mortifères ou tragiques. L’enseignement de Mike, c’est également celui de son père :
Si tu gardes les pieds sur terre tu peux toucher les étoiles, mais si tu essaies de voler sans un point d’appui, tu n’iras pas loin.
Si vous souhaitez vous procurer ce livre, vous pouvez le faire chez Eyrolles au grand format ici ou au format poche ici.
si je suis venu sur randonnée malin ce n est pas pour lire des articles sur Horn
desolée de ne plus venir sur votre site
Dommage Claude ; moi, j’ai beaucoup aimé cet article qui montre que la simplicité et l’humilité sont essentielles pour aller de l’avant et se sentir libre !
A titre personnel pour avoir lu le livre de M. Horn il est vraiment bien. Et je conseille vivement sa lecture ! Y a beaucoup de choses à en tirer même si on est randonneur… ou pas !
Tu as raison Brigitte il y à beaucoup à apprendre même en tout humilité
J’ai une bonne nouvelle : vous n’êtes pas obligé de lire les articles qui ne vous plaisent pas !
Pour info, le pourcentage de critiques de livres est très faible par rapport au nombre total d’articles qui vous sont proposés (je le rappelle) gratuitement, sans pub et sans sponsor.
Mike Horn est un aventurier hors pair. Lire ses exploits n’a rien de déshonorant, bien au contraire!
Dommage, car les récits de Mike Horn sont riches d’enseignement divers pour no’s activités de randonnée ou de montagne, voir de glace (arctique et antarctique). C’est un complément non indispensable, mais utile.
c’est une bonne initiative tu n’as rien à faire sur le site….
Et bien moi, je suis content de voir que la marche n’est pas qu’une paire de chaussures ou un duvet, mais aussi un partage d’idées, de reflexions, d’ouverture et surtout de tolérance. Alors OK pour cette démarche de temps en temps, avec d’autres auteurs et d’autres titres. Un passionné de rando!
Très bon livre sur la vie de Mike horn c’ estUn grand homme bel personne un grand savoir vivre j’ai lu le livre je suis du même avis que vous François
J’ai une admiration sans borne pour Mike Horn, je le « suis » dans ses aventures, (quand c’est possible) à travers ses livres, la télé, internet : j’ai une admiration sans borne pour cet homme qui dépasse l’imaginable … ! L’idée de Yves 88 est intéressante, de trouver d’autres auteurs et d’autres titres. Personnellement, j’ai l’impression d’avoir déjà tout lu : les aventures à pied, à vélo couché, les exploits (souvent tristes) de nombreux et grands alpinistes. Merci à Irene Villa pour sa critique positive que j’apprécie, et j’en attends d’autres.. pourquoi pas de temps en temps ? Quand on a pas mal marché, et qu’on ne peut plus après quelques interventions chirurgicales, croyez-moi, on continue à rêver à travers les aventures des autres !
Bonjour,
Merci pour votre message. Ce n’est pas la première critique de livre sur Randonner Malin, vous en trouverez d’autres ici : https://www.randonner-malin.com/category/critiques-de-livres/
A bientôt,
François
ça me fait envie de le lire. par ailleurs je vous conseille deux livres: le premier Africa trek de Sonia et Alexandre Poussin qui est leur récit de leur rémontée du Cap jusqu’au lac de Tibériade à pied sans sponsors ni logistiques. le second Born tout Run aux éditions Guéri ..c’est le livre culte de la course à pied.
Merci pour cet article sur cet homme qui nous fait rêver, et la culture littéraire va de paire avec la rando.
Excellent article qui reflète bien la personnalité de Mike Horn. Sobre et humble face à cette terre dont il se nourrit. Dommage que depuis il se soit associé à des émissions de télévision qui ne reflète pas sa personnalité, mais surtout la médiocrité et la suffisance de certain qui l’on accompagné.
J’ai un grand respect pour Mike Horn pour l’homme qu’il est et pour les aventures qu’il nous propose de partager. Je suis ravi de le retrouver sur Randonner Malin.
Je n’ai pas de point d’appui donc je n’irai pas loin ! Mais que de rêves dans tous les livres que j’ai lu sur Mike ! Il m’a aidée à avancer. Chaque fois que mon moral descend je pense à lui et je continue
Excellente critique relative à un très grand bonhomme .Là aussi ,il est recommandable de persévérer .
Bon article et très bon livre.
Je l’ai lu 3 fois…… et puis j’ai fait un truc un peu barge….
LU, une fois en entier de bout en bout.
Puis par des petits marque pages j’ai repéré les épisodes ou chapitres « Vie Privée » et les épisodes « Montagnes ».
Et j’ai recommencé à lire la « vie privée » pour connaitre le bonhomme;
puis la partie « montagne » pour me laisser emporter dans son trip.
De plus pour ceux que çà intéresse, il reprend la bibliographie de ces aventures en amazonie, du tour du monde par l’équateur,….
Très bonne initiative d’avoir « invité » Mile Horn sur le site. Il nous donne des leçons de courage tant sur le plan physique que moral.
Hello ! Suggestion à vous, Irène et François : appelez votre rubrique « recension » (de livres, de films, etc.) en évitant le vocable « critique » … qui manque d’humilité à la Horn ;-))) et a le don d’énerver les déjà-excités du matin (pas vrai, C. ? ;-)))) bis.
Rémi
PS Je vous recommande, pour (notamment) ses beaux paysages de l’Aubrac, le film paisible « Rémi sans famille » avec Daniel Auteuil, actuellement sur les écrans des plus chanceux. Là aussi, tout le monde n’est pas forcé d’aimer.
Effectivement Rémi, moi quand j’ai vu le titre « Critique… » j’ai cru qu’il s’agissait d’une critique du livre, alors qu’en fait c’est plus un encensement !
Une critique est un jugement, une appréciation. Cela peut donc être positif, négatif ou même les deux.
Merci pour la suggestion, je n’avais pas pensé que ce mot manquait d’humilité.
La définition que je trouve de recension est « compte-rendu critique d’une œuvre ». Est-ce que cela change beaucoup la donne du coup ? 😉
Bonjour à tous,
Quel bonheur de parler enfin de Mike Horn, l’Aventurier avec un grand A.
Lui qui sait et a su vivre jusqu’à présent une partie de ses 30000 jours avec un engagement total tout en conservant une modestie sans égal. Il n’est pas un donneur de leçons comme certains (incompétents) ont pu le décrier mais un conseiller en aventure.
Il est un exemple pour tous les randonneurs petits ou grands (par l’expérience) que nous sommes.
Chanceux ceux qui ont pu l’approcher, ou l’accompagner dans ses aventures!!!
Chapeau bas Monsieur Horn.
Certains ont certainement aussi lu Jamel Balhi.
Sobre et juste ecriture, humilité et grandeur, un peu ce que l’on semble rechercher dans ce site ici net.
Livres : Les routes de la foi : de Paris à Lhassa, Au coeur des Amériques: De l’Alaska à Ushuaia 24 000 kilomètres en courant, Si lointains, si proches
Au passage, dans au coeur des Amériques, un bon plan donné d’hébergement à Bogota : la geôle !
Avant tout merci à François pour ce site.
Les critiques de livres ont tout à fait leurs place ici.
Mike Horn est un aventurier et un grand randonneur donc il a bien sa place ici.
Si Claude n’aime pas, il peut se « contenter » du reste du site, il y a bien assez d’autres articles à lire.
Manifestement, il se cherchait une excuse pour partir car il n’avait certainement pas sa place parmi nous.
Quand au titre de la rubrique « Critique de », étant donné que ce mot a maintenant une connotation négative chez certains et un sens trop professionnel chez d’autres, je propose « Nos impressions sur » ou « Compte-rendu de lecture ».
Car vous faites plus qu’une simple critique. Vous apporter un résumé très complet et même des cartes
comme pour « Marcher à Kerguelen », « Wild » et « L’âme du Gange ».
Bonne Année à tous et bonne continuation pour ce site.
J’aime beaucoup la mentalité et l’état d’esprit de Mike Horn. Je trouve ça une super idée de faire vos impressions du livre ici. Ça m’a même donné envie de le lire, ce sera mon prochain livre tiens.
Bonjour RM,
Avez-vous un site, une page Facebook de petites annonces de vente de matériel randonnée ? merci
J’ai effectivement un groupe Facebook pour cela oui : https://www.facebook.com/groups/petites.annonces.randonnee/
A la lecture de ce livre captivant j’ai découvert un aventurier d’une force exceptionnelle qui dépasse l’imaginaire
Je ne peut que le conseiller
Merci François pour cette belle suggestion
Salut,
J’ai beaucoup appris sur ce site. Un grand merci pour les conseils et astuces mais surtout pour le partage.
Merci Irene Villa pour cet article dont la morale noble.
A bientot
P.S : Irene Villa prend le temps de répondre à vos mails. C’est cool non ?!! Alors respect
Merci Medhi pour le message. On essaye effectivement de répondre à tous les emails et Irene m’aide pour cela car je n’y arriverais pas tout seul… 😉
J’adore vraiment ce mec je comprends pas comment on peut critiquer autant un homme qui aime expérimenter la vie comme il l’entend.
Pour moi, randonner c’est parfois comme parcourir un bon livre avec ses différents chapitres: montée sur la piste chapitre 1, sentier traversant qui contourne une barre rocheuse chapitre 2, montée jusqu’à l’alpage chapitre 3…..Alors le lien se fait facilement. Merci pour les critiques de livres à venir ou le partage de références. Cela m’intéresse beaucoup.
Mes livres de l’été: « les 8 montagnes » « sans jamais atteindre le sommet » de Paolo Cognetti. Excellents.
J’avais délaissé Randonner malin depuis un certain temps… lassitude… négligence… sans doute! J’ai pourtant suivi tout le cursus d’orientation!
Je redécouvre aujourd’hui, Covid aidant (sic) , davantage de temps !
La critique du livre de Mike Horn m’a beaucoup plu. Je suis ses aventures à la télé
et sur internet. Il est un exemple, de simplicité , de courage sans failles, d’humour , bref il donne l’envie
de se dépasser.
Pour en revenir au mot « critique » . N’oublions pas qu’une critique peut être positive ou négative, c’est le mot qui convient
François, je te promets de consulter le site plus régulièrement!